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191ème semaine de Sarkofrance : repos à Marrakech

Publié le 01 janvier 2011 par Juan
191ème semaine de Sarkofrance : repos à MarrakechIl n'était pas là. Sarkozy se reposait à Marrakech, avec Carla. Il est revenu pour ses voeux, présentés aux Français, comme les années précédentes, depuis le Palais. 2011 devait être sa dernière année de travail, elle est déjà sa première année de campagne. L'année s'est écoulée comme prévue, difficile. L'heure des bilans a déjà sonné puisque Sarkozy pense déjà, depuis plusieurs mois, à son second mandat et à rien d'autre.
Vacances dorées
A Marrakech, Nicolas Sarkozy a rencontré Ali Bongo, l'actuel président du Gabon. Justement, le quotidien El Pais a livré un nouveau (faux) scoop issu des 250 000 notes diplomatiques de Wikileaks. Quatre jours après la mort d'Omar Bongo, le 12 juin 2009, un haut fonctionnaire de la Banque des Etats d'Afrique centrale (BEAC) confiait à un diplomate de l'ambassade américaine au Cameroun que 28 millions d'euros de sa banque avaient été détournés au profit des autorités gabonaises. Il précisait surtout que  « les dirigeants gabonais ont utilisé les fonds détournés pour leur enrichissement personnel et, suivant les instructions de Bongo, ont remis une partie de l'argent à des partis politiques français, y compris en soutien au président Nicolas Sarkozy. »  Le Monde a expliqué pourquoi il n'avait pas jugé bon de publier la nouvelle, qui, pourtant, ne fait qu'étayer une rumeur connue depuis des lustres : « Cette ambassade n'est pas en mesure de vérifier la véracité de l'accusation selon laquelle des hommes politiques français ont bénéficié du détournement de fond. »  Qu'un représentant officiel de la banque dont les fonds furent détournés témoigne ne suffisait pas au grand quotidien du soir.
De Marrakech, Sarkozy n'avait pas grand chose à dire aux familles des otages français en Afghanistan. Il eut une inévitable pensée pour eux, le soir du 31 décembre. On fêtait à Paris le triste premier anniversaire de la détention de Stéphane Taponier et Hervé Ghéquière, journalistes à France 3. Quand ils furent enlevés le 29 décembre 2009, Sarkozy critiqua leur imprudence. Depuis, le gouvernement endort leur comité de soutien avec des propos lénifiants sans qu'aucun progrès ne se concrétise.
De Marrakech, on apprend que Carla aimerait finalement adopter un garçon pour .... juste avant le scrutin de 2012. Que de contraintes ! La dame est déjà vieille, elle a choisi le sexe, et la date. Fichtre ! On attend l'origine du garçon.
Ministres actifs
De Marrakech, Nicolas Sarkozy a quand même pu féliciter de l'action de certains ministres. Prenez son ministre de l'intérieur : une patrouille avec la Bac en Seine-Saint-Denis le 26, une autre avec la brigade d'assistance aux sans-abris le 27, une annonce contre les vols dans le métro parisien le 30, une visite à Nantes le 31. Brice Hortefeux laboure son terrain de l'intérieur, échaudé par sa belle bourde neigeuse voici un mois. Pour la nuit de la Saint-Sylvestre, Hortefeux a dépêché 54 000 agents des forces de l'ordre sur le terrain... Rien que ça. Il ne communiquera plus le nombre de voitures brûlées. Cela fait désordre.
Nicolas Sarkozy pouvait également féliciter Nathalie Kosciusko-Morizet qui s'est « précipitée » à l'aéroport de Roissy-Charles de Gaulle dès le 25 décembre au matin. Deux jours plus tard, elle a promis d'établir une liste noire des compagnies aériennes, basée sur le service et l'accueil des voyageurs. « Les compagnies aériennes sont responsables des passagers en rade, de leur assistance, éventuellement d'un cheminement alternatif, sauf en cas de force majeure.» La ministre, également en charge des Transports, s'est bien gardée de s'interroger sur l'affaiblissement des services publics. Botter en touche sur les compagnies aériennes était nécessaire mais facile. Après un retard de plus de dix heures d'un train de nuit Strasbourg-Port-Bou/Nice, la fédération CGT des cheminots a affirmé mardi que la SNCF « se détourn[ait] du service public pour faire du business ». Gageons que la SNCF sera même pénalisée de 2,5 millions d'euros de moins dans sa dotation publique l'an prochain : Sarkozy, il y a deux mois, avait surpris son PDG Guillaume Pépy lors d'un déplacement en province quand il lui annonça publiquement que la SNCF aurait un bonus ou un malus de cet ampleur en fonction de la qualité de service aux voyageurs.
Même Eric Besson aura peut-être aussi droit à quelques mots de félicitation. Le ministre de l'industrie a demandé des explications aux fournisseurs d'accès à internet qui ont tous annoncé, cette semaine, des hausses de tarifs à cause du relèvement de leur taux de TVA décidé dans la loi de finances pour 2011. Quelle surprise !
Avant de partir en vacances, Sarkozy avait conseillé à ses ministres de se reposer, mais de ne pas partir loin. Il avait également commenté très sobrement, rapporte le Canard Enchaîné du 29 décembre, sa propre situation dans l'affaire Servier : « j'ai été l'avocat de Servier, comme je l'ai été de dizaines d'autres clients. Je n'ai rien à me reprocher en ce qui concerne mon travail de conseil.» Jeudi 30 décembre, l'Elysée annonçait la nomination du professeur Jean-Luc Harousseau à la tête de la Haute autorité de santé. cet organisme public est, entre autres, chargé « d'évaluer scientifiquement l’intérêt médical des médicaments.» Le récent promu est centriste de l'UMP. Il a remplacé François Fillon à la la présidence du Conseil régional des Pays de la Loire en 2002 à 2004. Il fut éconduit d'une place éligible sur la liste UMP lors des dernières élections régionales. Joli lot de consolation !
Douches froides
Pour cette dernière semaine de 2010, les médias s'amusent à commenter ce qui attend les contribuables, ménages, riches et pauvres dès le 1er janvier. Mardi, l'INSEE a douché l'optimisme gouvernemental en révisant à la baisse ses estimations de croissance économique pour l'année. On atteindra péniblement 1,4%. Toujours extatique, la ministre de l'économie Christine Lagarde attendait un « gros » 1,6% pour cette année. D'ores et déjà, la prévision gouvernementale de 2% pour l'an prochain peut être bel et bien enterrée. Pour ce 1er janvier, le SMIC augmente modestement de 1,5%, le minimum légal, à l'instar de nombreux autres minima sociaux. Qu'importe si le SMIC est le salaire de référence d'une bonne moitié des salariés français. Sarkozy veut qu'on soit plus « compétitif », une notion qui s'applique toujours aux plus bas salaires, jamais aux plus élevés, y compris le sien.
On subit également, dès le 1er janvier, nombre d'augmentations d'impôts et de charges. Même le Figaro s'est livré au sinistre décompte des 5 milliards d'euros de taxes supplémentaires à la charge des ménages. On pouvait également répertorier les déremboursements de santé, les hausses des tarifs de mutuelles (2 à 5%), de la SNCF (3% sur les TGV), du gaz et de l'électricité, toutes supérieures au sacro-saint 1,5%.
La précarité est devenue massive, mais on la cache. La récente annonce, le 24 décembre dernier, des mauvaises statistiques du chômage en novembre, rappelle que la crise est toujours là. Le 31 au soir, Sarkozy réaffirme quand même que la crise est derrière nous. Le cap des 4 millions de chômeurs aurait été franchi. Que nenni ! La France compte 15 millions de précaires ! A l'Elysée, on serre la vis, et les fesses. Dans l'urgence, le gouvernement a décidé, à quelques heures de l'échéance du 31 décembre, de communiquer un projet de loi visant à réduire la précarité des agents contractuels de la fonction publique, dans un document d'orientation transmis aux syndicats.
Voeux inutiles
Vendredi soir, Nicolas sarkozy est filmé debout, les mains en bas de l'écran appuyant souvent ses propos. Pour ses voeux de 2011, il est passé chez le coiffeur. Il veut une année 2011 « utile aux FrançaisLes 191 semaines écoulées depuis son accession à la Présidence ont-elles été utiles ?
Ces voeux sont joyeusement confus voire contradictoires : il loue les « avantages de notre modèle social » mais fait répéter que ce même modèle social doit être réformer pour être compétitif, c'est-à-dire qu'il faut réduire les dépenses sociales, celles-là même qui ont permis à l'économie française de maintenir un relatif pouvoir d'achat. Il se félicite de la défiscalisation des heures supplémentaires, passant sous silence, évidemment, les nombreux bilans critiquant l'inefficacité totale et contre productive de la mesure qui a découragé l'emploi. Il défend l'euro, qui suppose l'ouverture maintenue de nos frontières économiques, mais défend « la préférence communautaire », oubliant que même la taxe carbone européenne a dû être abandonnée cette année. Il critique « la naïveté dans les discussions commerciales avec nos principaux partenaires » mais il accepte tous les transferts de technologie qu'il faut pour convaincre les Russes d'acheter deux navires de guerre et demain les Brésiliens pour le Rafale. Il critique, facilement, « l'absentéisme » à l'école, « inacceptable car il condamne à l'échec ceux qui s'y abandonnent », mais ne dit mot sur la réduction du nombre de postes d'enseignants, ni l'absentéisme parlementaire de son clan pour cause de cumul de mandats encouragé comme règle d'or de la pratique sarkozyste. Il affirme défendre les valeurs républicaines, les droits de l'homme et la justice, après une année marquée par les affaires Karachi, Woerth, et Servier, le discours de Grenoble, et les accueils des dictateur turkmène, kazakh et surtout chinois. Vendredi 31 décembre, Sarkozy a raté ses voeux comme il a raté son année. En insistant lourdement sur l'échéance présidentielle de 2012, il a rappelé qu'il ne pensait qu'à ça.
Ami sarkozyste, réjouis-toi.
Voici la dernière année avant 2012 !


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