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[Critique] TULLY

Par Onrembobine @OnRembobinefr
[Critique] TULLY

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Titre original : Tully

Note:

★
★
★
★
½

Origine : États-Unis
Réalisateur : Jason Reitman
Distribution : Charlize Theron, Mackenzie Davis, Ron Livingston, Mark Duplass, Lia Frankland, Asher Miles Fallica, Elaine Tan…
Genre : Drame
Date de sortie : 27 juin 2017

Le Pitch :
Marlo, la quarantaine, mère de deux enfants, est enceinte du troisième. Quand celui-ci pointe le bout de son nez, Marlo entame une routine qu’elle connaît bien. Entre les nuits trop courtes et interrompues par les pleurs, la fatigue nerveuse, elle commence à craquer. Au point d’accepter la proposition de son frère d’embaucher une nounou de nuit. C’est alors que Tully, une jeune femme pleine d’entrain, fait son entrée dans le quotidien de Marlo…

La Critique de Tully :

Depuis Young Adult, qui marquait la rencontre du réalisateur Jason Reitman (le fil de Ivan), de la scénariste Diablo Cody (Juno) et de Charlize Theron, l’actrice s’est amusée, tournant dans de gros films d’action décomplexés (Fast & Furious 8, Atomic Blonde), des comédies (Albert à l’Ouest, Gringo), parcourant le désert aride (Mad Max : Fury Road) et s’égarant méchamment (The Last Face). Le tout avant de revenir vers Reitman et Diablo Cody à l’occasion de Tully, une réflexion hyper réaliste sur la maternité…

Tully-Mackenzie-Davis

Nouvelle naissance

Tully va à contre-courant de la majorité des films hollywoodiens qui ont fait de l’arrivée d’un enfant le centre de leur récit. D’emblée le scénario de Diablo Cody annonce la couleur tandis que Jason Reitman met sa mise en scène intimiste et réaliste, très proche des personnages, au service de son histoire et des acteurs. Charlize Theron apparaît à l’image, enceinte de 9 mois, sans fard, en pyjama, évoluant dans une maison encombrée, au cœur d’un quotidien rythmé par les pleurs, les cris, les réprimandes et les déclarations des candidats de télé-réalité qui habitent une télévision en forme de fenêtre déformante sur un monde dans lequel elle a l’impression de ne plus vraiment avoir de place. Quand certains long-métrages comme Ce qui vous attend si vous attendez un enfant mettent en avant un certain glamour, Tully mise tout sur l’authenticité. Ici, l’accouchement apparaît tel qu’il se présente dans la vraie vie. On ne se rue pas à l’hôpital après avoir perdu les eaux, le bébé n’arrive pas dans la demi-heure qui suit et tout n’est pas que bonheur, allégresse et insouciance. Franchement, ça fait du bien ! Et ce n’est que le début. Car Tully commence vraiment à raconter son histoire après la venue au monde du troisième enfant de Marlo (Charlize Theron). Quand ses problèmes pour faire face, ses soucis de couple et tout ce qui va avec se trouvent souligné par l’arrivée d’un nouveau bébé, au départ pas forcément prévu…

Il était une fois la maternité

D’une acuité vraiment admirable, le script de Diablo Cody tord le cou aux idées reçues et ose faire ce que beaucoup d’autres œuvres que l’on serait tenté de ranger dans la même catégorie se refusent même à envisager. Mais, et c’est primordial, Tully n’est pas un film qui prend un malin à plaisir à prendre à rebrousse poil les clichés glamours sur la maternité et la grossesse. Ce n’est pas un film qui dit « on va vous dégoûter de faire des gosses ». Non pas du tout. C’est juste un film qui essaye, tout en racontant une histoire dont l’un des grands mérites est de parvenir à surprendre, de retranscrire les véritables aspects de son sujet. Et c’est surtout un film qui parle d’amour. Car ce n’est pas parce qu’il se refuse à idéaliser le quotidien de ce couple parfois un peu dépassé, sans néanmoins charger la mule, qu’il oublie le principal. Ainsi, Tully, grâce notamment à la propension de Jason Reitman de saisir les petites choses de la vie de tous les jours, repose sur l’amour d’une mère pour ses enfants, pour son mari aussi et sur les difficultés que cet amour, inconditionnel et puissant, peut entraîner au jour le jour. Tully, où le portrait d’une mère parfois dépassée, que l’aide qu’une babysitter hors-normes va lui apporter, en mettant en exergue tous le côté miraculeux de la situation. Sans sombrer dans la guimauve.
En somme, Tully parle de maternité sans donner de leçon. Et ça aussi ça fait du bien.

Mère de l’année

En tête d’affiche, Charlize Theron, après l’immense déception qu’a constitué son implication dans The Last Face, trouve un de ses meilleurs rôles. Totalement à contre-courant de l’image qu’elle peut donc avoir, l’actrice s’efface derrière le personnage et exprime, par les mots ou simplement par la force de son jeu épuré et viscéral de bien des manières, les subtilités du script et les émotions et sentiments qui s’en dégagent en permanence. Face à Mackenzie Davis, elle aussi formidable, Charlize Theron parvient, avec beaucoup plus de grâce qu’elle n’avait pu le faire avec le surestimé Monster, à sublimer sa partition, pourtant déjà excellente sur le papier. Une prouesse pour une comédienne dont l’aura, le charisme, la propension à saisir l’insaisissable, servent de moteur à toute la distribution (Ron Livingston aussi est très touchant, de même que Mark Duplass, parfait).
Et puis il y a cette alchimie entre Charlize Theron, Jason Reitman et Diablo Cody. Une équipe qui parvient à faire encore mieux que le déjà impressionnant Young Adult, en cela qu’ici, les nuances, parfois infimes, sont davantage à l’ordre du jour. À vrai dire, on serait presque tenté de dire qu’on a jamais vu ça à Hollywood concernant les films portant sur ce sujet. Oui, Tully est bon à ce point.

En Bref…
Charlize Theron, immense, porte ce formidable film sur la maternité, parfaitement dirigé par un Jason Reitman en pleine possession de son art et magnifiquement servie par le script d’une Diablo Cody qu’on n’avait pas connu aussi en forme depuis Juno. Au final, non seulement Tully est un film « vrai », mais c’est aussi un drame doux-amer extrêmement pertinent, émouvant et sensible. Une belle prouesse.

@ Gilles Rolland

Tully-Charlize-Theron
   Crédits photos : Mars Films


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