Magazine Cinéma

Batman – Héros ultra-torturé

Par Bebealien

En attendant de chroniquer Wall-E demain, et puisque France 2 a rediffusé Batman Begins hier, je me dis qu’il peut être intéressant de faire un petit dossier sur le personnage de Batman. La sortie d’ici quinze jours du prochain opus de la franchise, ultra-attendu par les fans et a priori franchement réussi, risque de nous faire manger du Batman à toutes les sauces dans les prochains jours. Mais connaissez-vous vraiment toutes les facettes de ce héros franchement torturé ?

Batman – Le plus (in)humain des héros

Batman, est un personnage de DC Comics, créé par Bob Kane en 1939. Il relate l’histoire de Bruce Wayne, héritier d’une richissime famille, qui a vu ses parents se faire assassiner sous ses yeux. Plus âgé, il décide de s’entraîner et de se créer un costume pour aller combattre le crime. Il est important de comprendre que Batman est un des rares supers héros à n’avoir strictement aucun pouvoir. Il est juste dans une excellente condition physique, a accès à des ressources financières quasi-illimitées et à des gadgets technologiques dernier cri (un peu comme Iron Man).

Une vision sombre du personnage… Ca augure du meilleur pour le film…

Tout la complexité du personnage est rassemblée dans deux points cruciaux : ce meurtre qui a quelque part « créé » Batman, et cette double identité avec d’un côté un playboy frivole et de l’autre un justicier dur et violent. Le personnage ayant un peu plus de soixante ans, il a bien évolué au fil du temps selon les auteurs s’étant penchés dessus. Mais un en particulier va vraiment aider à redéfinir la frontière entre son côté lumineux (le sens de la justice) et ses plus bas instincts (recours abusif à la violence, pulsions meurtrières…) : Frank Miller.

Via une BD : The Dark Knight Returns, l’auteur de 300 et de Sin City dépeint un Bruce Wayne âgé, ayant raccroché son costume depuis une dizaine d’années, obligé de le ressortir pour tenter de mettre de l’ordre dans un Gotham sombrant dans l’anarchie totale. Le comic est ultra-sombre, Batman y est présenté comme un psychotique égocentrique prêt à tout pour parvenir à ses fins. Ce comic, qui est une des pierres angulaires de la mythologie, a eu un tel écho que beaucoup de héros ont été ensuite redéfinis de manière plus torturée.

La couverture du Batman version Frank Miller. Si vous ne devez en lire qu’un, c’est celui-ci !

Batman Begins, le premier opus de la nouvelle franchise initié par Christopher Nolan, avec Christian Bale dans le rôle titre résume bien le côté sombre du personnage dans sa scène finale. Le commissaire Gordon explique que la présence de Batman entraîne une escalade dans la violence. Puisque le héros a accès à plus de moyens, les criminels le feront également. Et si, pour se protéger, Batman renforce encore ses moyens de défense, les criminels suivront encore. Du coup se pose la question philosophique suivante : est-ce que ce sont les criminels qui « créent » Batman et rendent sa présence indispensable, ou est-ce au contraire sa présence qui fait monter d’un cran le niveau de violence ? Sacré dilemme de l’œuf et de la poule…

Il ne faut pas oublier non plus que Batman est avant tout un vigilante, un civil décidant de rendre justice lui-même, se voulant à la fois juge et bourreau… façon de procéder qu’on ne trouve que dans les dictatures les plus dures. Alors l’alter-égo de Bruce Wayne est il un vrai héros, un mal nécessaire ou un vrai danger ? L’histoire du personnage a souvent fait évoluer la façon dont le public le perçoit (un peu comme Spiderman), mais il semble généralement bien accueilli.

Une vision violente et sadique du personnage. Mais en même temps c’est peut-être là sa vraie nature…

Une autre thématique intéressante à creuser est de savoir quelle est la vraie personnalité de Bruce et laquelle est un masque : est-il un ultra-violent se cachant sous le masque de l’oisif décérébré, ou est-il un milliardaire qui joue au justicier ? Plus les années ont passé, plus le personnage a clairement pris la première direction. Dans le film de Nolan, on se rend compte que ce qui anime Bruce avant tout est le sentiment de vengeance. Le vrai Bruce est donc le personnage avide de violence. Etonnant de constater à quel point un personnage à l’origine destiné aux enfants à pu prendre une direction si sombre et tragique…

Dernière thématique que je vous propose d’explorer aujourd’hui : sa relation avec le Joker. Puisque The Dark Knight (qui sort dans deux semaines faut il le rappeler) mettra en scène le personnage via les traits de feu Heath Ledger et que Tim Burton l’avait également illustré, il est intéressant de revenir dessus. Historiquement, le Joker est un malfaiteur défiguré lors d’une effraction dans une usine de déchets toxiques. Comme Batman, il ne possède aucun pouvoir. Sa motivation est uniquement la folie. Les personnages de Batman et du Joker sont comme les deux facettes d’une même pièce, comme un avertissement de ce dans quoi Bruce Wayne peut tomber s’il perd un peu trop le contrôle. D’ailleurs de nombreux tomes de la série mettent en avant cette relation particulière. Dans l’œuvre fondatrice de Miller, le Joker n’a pas de raison de continuer son activité criminelle comme Batman a rendu les armes. C’est seulement son retour en selle qui va lui donner une seconde jeunesse.

Le Joker (Heath Ledger), façon Christopher Nolan. Un vrai retour aux sources ? Il paraît que oui, on attend de voir pour confirmer

Le Joker est donc à la fois un miroir déformant et un sombre avertissement. Intéressant de constater que le personnage et son pire ennemi sont finalement de simples êtres humains, et finissent par être plus inhumains que n’importe quel autre méchant. Au-delà du discours anti-interventionniste et de la parabole sur la dérive extrémiste de la société américaine, c’est surtout une réflexion sur le petit quelque chose qui fait de nous des êtres civilisés ne tombant pas dans la barbarie. Est-ce la civilisation, la morale, ou finalement la peur d’être nous-mêmes qui nous fait rester sages ?

J’ai volontairement évité de lire la plus part des préviews concernant The Dark Knight de Nolan, afin d’avoir un jugement relativement neutre lors de sa sortie. J’espère en tout cas que la relation très ambiguë entre le Joker et Batman sera respecté. Ces deux personnages sont sans doute les deux plus intéressants dans l’univers des comics. Le traitement qu’en avait fait Tim Burton était très intéressant mais versait dans une adaptation personnelle gothique et pop. En revenant au fondamentaux, le personnage au sourire glaçant pourrait devenir vraiment terrifiant. On espère que les rumeurs de nomination aux oscars à titre posthume pour le rôle ne sont pas imméritées….

P.S. : j’ai passé volontairement les relations entre Batman et Robin, souvent à la limite du crypto-gay, car je trouve que c’est une facette beaucoup moins intéressante du personnage. Dans les années 50 les personnages de side-kick étaient de rigueur pour permettre une identification auprès du jeune public. En l’occurrence Robin n’apporte rien au personnage, et à même tendance à le rendre niais. Donc hop, on oublie.


Scoopeo blogasty

Retour à La Une de Logo Paperblog

LES COMMENTAIRES (1)

Par LegionStalag
posté le 02 octobre à 20:06
Signaler un abus

Car ils ont assasiné Rudolf Hess

A propos de l’auteur


Bebealien 53 partages Voir son profil
Voir son blog

l'auteur n'a pas encore renseigné son compte l'auteur n'a pas encore renseigné son compte

Magazines